Clous annelés vs clous lisses : lequel privilégier pour une fixation irréprochable ?

Voici un article rédigé par notre expert, Luc Voreau, pour vous guider dans ce choix technique fondamental.

Dans l’univers exigeant de la charpente, de la couverture et de l’ossature bois, chaque détail compte. Le choix d’un élément aussi basique qu’un clou peut sembler anodin, mais il engage pourtant la solidité, la durabilité et la sécurité de toute la structure. Face aux sollicitations constantes du vent, aux variations climatiques et au poids des matériaux, une fixation inadaptée devient un point de faiblesse critique. Pour les professionnels comme les passionnés de bricolage avertis, la question se pose immanquablement : faut-il opter pour la simplicité des clous lisses ou la tenue supérieure des clous annelés ? Tour d’horizon des caractéristiques pour un choix éclairé, en adéquation avec les normes en vigueur et les bonnes pratiques du métier.

Une différence fondamentale de conception

La distinction première entre ces deux types de clous réside dans la morphologie de leur tige.

  • Le clou lisse : C’est le clou traditionnel, reconnaissable à sa tige parfaitement lisse sur toute sa longueur. Sa conception simple lui confère une excellente résistance au cisaillement (les forces latérales), ce qui le rend idéal pour certains assemblages structurels où les pièces doivent résister à un glissement horizontal. Son enfoncement est généralement plus facile et demande moins d’énergie.
  • Le clou annelé (ou cannelé) : Ce clou est pourvu d’une tige cerclée d’anneaux parallèles. Ces reliefs agissent comme des barbillons qui s’accrochent solidement aux fibres du bois, offrant une résistance à l’arrachement bien supérieure à celle d’un clou lisse. Un essai mené par le fabricant IKO a ainsi démontré que les clous annelés présentaient une force d’attache 300 % plus grande que les clous lisses.

Tableau comparatif : Annelé vs Lisse

Pour une vision synthétique, voici un récapitulatif des caractéristiques clés.

CritèreClou AnneléClou Lisse
Résistance à l’arrachementTrès élevéeFaible
Résistance au cisaillementÉlevéeTrès élevée
Applications typiquesFixation de bardagesconnecteurs, assemblages dans le bois secAssemblages en charpenteossaturevoligeage
Effet sur le boisRisque d’éclatement sur les bois très densesMoins d’éclatement
Normes & DTUSouvent requis pour les bardages (DTU 41.2) et connecteursRecommandé pour le voligeage (DTU 40.41) et l’ossature

Quel clou pour quelle application ? Les recommandations de l’expert

Le choix n’est pas une affaire de préférence, mais d’adéquation à la mission. Les Documents Techniques Unifiés (DTU) et l’Eurocode 5 donnent des directives précises.

  1. Privilégiez le clou annelé pour tout ce qui est soumis à des forces de traction. Son ancrage supérieur est indispensable pour :
    • La fixation des bardages en bois (conforme au DTU 41.2), constamment soumis au vent qui tente de les arracher.
    • L’assemblage des connecteurs métalliques et des équerres de fermette, où la tenue mécanique est critique.
    • Toutes les fixations en bois sec ou pour lesquelles une résistance optimale à l’arrachage est requise.
  2. Optez pour le clou lisse pour les assemblages structurels et le voligeage. Sa simplicité et sa résistance au cisaillement sont ses atouts majeurs pour :
    • La construction d’ossatures et de charpentes (DTU 31.2), où les efforts sont principalement portés par la structure elle-même.
    • La pose de voliges (DTU 40.41), où la fixation doit être solide sans nécessiter un ancrage d’arrachement maximal.
    • Le litérage et le contre-lattage, pour lesquels les normes autorisent son usage.

Allier la bonne fixation au bon matériau

Au-delà du type de tige, la matière du clou est primordiale pour assurer sa longévité et éviter les stries de corrosion, surtout en milieu extérieur. L’Eurocode 5 définit trois classes de service en fonction de l’exposition à l’humidité.

  • Classe de service 1 (intérieur) : Un clou en acier brut ou électro-zingué peut suffire.
  • Classe de service 2 (extérieur couvert) : Les clous en acier galvanisé (d’un dépôt d’au moins 12 μm) sont le standard recommandé.
  • Classe de service 3 (extérieur non protégé, milieux agressifs) : Pour une durabilité maximale, tournez-vous vers les clous en acier galvanisé à chaud (HDG) avec un dépôt de zinc épais (≥ 50 μm) ou, solution ultime, vers les clous en inox A2 ou A4 (ce dernier étant essentiel en bord de mer). Des marques comme WürthPaslodeBricodepôtBricomarchéPoint.PLeroy MerlinGedimatHiltiSpit et SFS proposent des gammes adaptées à chaque exigence.

La performance avant tout

Le duel entre le clou annelé et le clou lisse n’a pas de vainqueur absolu, mais il consacre la primauté de l’expertise et du choix raisonné. Le clou lisse, économique et résistant au cisaillement, reste la solution de référence pour de nombreux assemblages bois où les forces de compression dominent, comme en charpenterie traditionnelle. Sa simplicité de mise en œuvre est un atout non négligeable pour les projets de grande envergure où la rapidité d’exécution entre en ligne de compte. En revanche, dès que l’ouvrage est soumis à des tractions ou à des efforts dynamiques – comme les vents violents sur un bardage –, la supériorité technique du clou annelé s’impose sans conteste. Sa capacité à « verrouiller » la fixation dans le bois en fait un élément de sécurité incontournable, dont l’efficacité est aujourd’hui codifiée par les normes et les DTU. In fine, au-delà de la simple comparaison technique, le bon choix est celui qui, en tenant compte à la fois de la nature de l’ouvrage, des contraintes mécaniques en jeu et de l’environnement, garantit la pérennité et la fiabilité de la construction sur le long terme. Consulter les recommandations des fabricants et respecter les règles de l’art reste la meilleure assurance d’une fixation réussie.

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